« On ne va pas se mentir : malgré les protections légales, les mamans en entreprise font face à une dure réalité. Nathalie Grimaud-Morvilez, la fondatrice de La Tribu Digitale dans « On ne va pas se mentir », met en lumière cette contradiction. Cet article s'attaque aux idées reçues et révèle les mensonges sur la maternité dans le monde professionnel. Ensemble, explorons les vérités cachées derrière la discrimination des mères au travail. »
Une femme enceinte est forcément protégée par la loi !
Selon une étude menée par le Défenseur des droits de l'Homme, la grossesse et la maternité se positionnent comme le troisième motif de discrimination cité par les femmes.
Nous rendons encore un nombre trop important de décisions où des femmes ne sont pas embauchées en raison de leur état de grossesse; ne retrouvent pas leur poste au retour de leur congé maternité; ou dont la période d'essai est rompue, car elles sont enceintes. C'est sidérant et illégal. Les discriminations sont considérables... . (Claire Hédon, Défenseure des droits).
Toujours selon le « Baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi », 11% ont été incitées à renoncer ou à différer un projet d'enfant. Cela démontre clairement que cette affirmation initiale, pourtant soutenue par un texte de loi, est fausse. Un mensonge qui transforme l’annonce de la maternité, qui devrait être un moment de joie, en un casse-tête professionnel. Manifestement, certaines entreprises n'ont pas reçu le mémo sur l'égalité.
Après son congé maternité, une femme retrouve son poste !
Nous ne comptons plus le nombre de témoignages et d'histoires de mamans souhaitant intégrer le concept de La Tribu Digitale. Combien de fois avons-nous entendu :
après X années dans telle entreprise, mon employeur a décidé de me licencier quelques mois après mon retour de congé maternité. Il n'avait plus de travail pour moi.
Pourtant, selon le Code du travail, à l'issue de son congé maternité, une salariée doit retrouver son poste tel qu'elle l'a quitté avant son congé. Mais, dans les faits, il est souvent arrivé que ce retour se révèle plus compliqué que prévu, avec des tâches qui ne correspondent plus à celles qui nous ont été initialement confiées, voire même que notre poste soit remplacé.
Pour illustrer ce deuxième mensonge, vous pourrez découvrir le témoignage d'Aurélie. Une maman de 37 ans titulaire d'un Master (bac+5) qui a eu la chance d'avoir un employeur compréhensif et qui a accueilli la nouvelle en partageant sa joie avec elle. Enfin, ça, c'est ce qu'il a laissé paraître. Parce que dans les faits, à son retour de congé maternité, la réalité était tout autre.
On m'a fait sentir que ma seule réussite était d'avoir trouvé quelqu'un pour me remplacer. J'ai été confrontée à des regards et des mots qui remettaient en question ma compétence, me faisant douter de ma place et de ma valeur au sein de mon équipe.
La maternité n'est pas un critère discriminant à l'embauche!
Vous êtes-vous déjà présentée à un entretien d'embauche le ventre bien rond, couvant votre plus beau cadeau donné par la vie ? La réponse est probablement: NON. N'est-ce pas ? Mais les normes sociales nous poussent à anticiper le regard sceptique de l'employeur face à notre état de future maman. Nous sommes tellement conditionnées à croire que la grossesse est un obstacle à nos aspirations professionnelles. C'est pourquoi, la plupart du temps, nous préférons soit cacher notre état, soit mettre de côté nos ambitions jusqu'à ce que notre joli ventre ne soit plus qu'un nostalgique souvenir.
Pourtant, toujours selon les textes de loi, aucun poste ne devrait nous être refusé en raison de notre grossesse. D'ailleurs, nous ne sommes même pas tenues d'en informer notre futur employeur. Mais nous le faisons par simple correction. Après tout, pourquoi le cacher ? Être mère est une expérience incroyable et cela ne signifie pas pour autant que notre cerveau se met en veilleuse. Malheureusement, ce n'est pas toujours une évidence pour les employeurs potentiels.
Imaginez la réaction de ce même recruteur si, lors de l'entretien, vous lui annonciez fièrement :
Je suis maman d'une famille nombreuse, j'ai cinq enfants.
Dans une telle situation, mieux vaut être prête à pratiquer les gestes de premiers secours. Vous pourriez bien avoir besoin de réanimer votre futur patron.
La maternité n'est jamais un motif de licenciement!
Réfléchissez quelques secondes... Vous avez probablement un proche, une connaissance ou peut-être même l'avez-vous vécu en direct. Combien de femmes se sont retrouvées sans emploi quelques mois après leur retour de congé maternité ? Bien sûr, jamais, au grand jamais, l'entreprise n'admettra ouvertement que la maternité est la cause de votre licenciement.
Vous avez osé tomber enceinte ! Pendant que vous preniez le temps de donner naissance à votre bébé et de le chérir, l'entreprise a simplement continué à tourner sans vous.
L'entreprise préférera trouver tous les défauts possibles et inimaginables pour justifier cette décision. Vous étiez pourtant considérée comme excellente professionnellement quelques mois auparavant. Et soudainement, toutes les tâches que vous accomplissiez à la perfection, selon votre hiérarchie, ne semblent plus lui convenir.
Pire encore, vous êtes destituée des dossiers qui vous étaient confiés. Vous êtes victime d'actes malveillants ayant pour but de vous inciter à la démission. D'un coup d'un seul, vos compétences professionnelles et humaines ne sont plus que théorie. Alors, vous êtes cataloguée inapte dans votre poste aux yeux de votre chef. Celui-ci vous le fera bien comprendre sans jamais vous indiquer clairement que le problème ce n'est pas vous, mais votre maternité.
La loi interdit le licenciement suite à une grossesse et un congé maternité. Officiellement, vous n'êtes pas licenciée pour ces raisons. L'entreprise prendra toutes les précautions nécessaires pour attendre la fin du délai légal avant de vous fournir des excuses bancales justifiant cette décision.
La maternité ne change jamais rien au sein de l'entreprise !
Nous l'avons vu, professionnellement, la maternité semble être un frein pour l'employeur qui procède souvent à un licenciement en masquant le véritable motif derrière d'autres excuses.
C'est bien connu, lorsque nous donnons la vie, il n'y a pas que le bébé qui arrive. Il s'ensuit aussi une perte supposée d'intelligence. Selon la société, nous devons choisir entre être une bonne mère ou une bonne salariée, sous-entendant que les deux ne sont pas compatibles.
Quand une femme donne la vie, ce n'est pas seulement le bébé et le placenta qui sortent. Ses cellules grises semblent également partir en congé prolongé. La maternité : un joyeux voyage vers la terre des oublis intellectuels !
Quant aux collègues, sans méchanceté aucune, ils vous assènent à la première occasion une phrase qui vous mine le moral pour le reste de la journée. Par exemple, il est 11h, la crèche vous demande de venir récupérer votre petit dernier. Avec 39° de fièvre, votre bébé a besoin d'être au calme avec l'un de ses parents. Vous terminez alors rapidement la tâche sur laquelle vous étiez en train de travailler, prenez vos affaires à la hâte et dites au revoir à vos collègues. En réponse, une petite voix ironique vous demande :
Tu as posé ta demi-journée ?
Une femme en congé maternité reçoit un rattrapage salarial et des primes.
Vous rentrez de congé maternité. Vous venez de passer presque 3 mois (2,5 mois légalement) avec votre petit trésor. Et là, quelle surprise ! Vous vous apercevez que vous avez bénéficié d'une augmentation de salaire ! Le rêve, n'est-ce pas ? Et "On ne va pas se mentir", un bébé génère des frais supplémentaires pour le foyer. Alors, cette augmentation tombe à pic.
Rentrer de congé maternité avec une augmentation salariale ? C'est comme trouver une licorne dans son jardin : ça fait rêver, mais dans la réalité, ça relève du mythe !
Autre cas de figure, vous êtes commerciale. Ainsi, votre rémunération se constitue d'un fixe et d'un variable. Vous partez en congé maternité. Par conséquent, vous ne pouvez plus générer le chiffre d'affaires, qui vous permet d'obtenir cette part variable non négligeable de votre salaire. Mais là encore, SURPRISE. Vous constatez que vos fiches de paie pendant votre congé maternité ont bien cette partie variable. Votre cher employeur a pris soin (ou non) de signer un accord ou une convention collective en "votre" faveur. Vous êtes la femme devenue maman qui a tant apporté à l'entreprise et qui apportera encore beaucoup à son retour.
Quand on m'a annoncé une augmentation en revenant de congé maternité, j'ai cru à une blague. Mais non, la convention collective de l’entreprise prévoyait cela. C’était juste un droit que je ne connaissais pas !
Cependant, il est essentiel de garder à l'esprit que malgré les dispositions légales, la réalité peut parfois différer des attentes. Bien que la législation vise à garantir le maintien du salaire et des avantages pendant le congé maternité, il est important de vérifier les spécificités de chaque situation, notamment les conventions collectives et les politiques internes de l'employeur. Une vigilance s'impose pour s'assurer du respect de vos droits et des conditions prévues par la loi, car trop souvent, la réalité ne correspond pas toujours au rêve espéré.
En cas de métier pénible ou dangereux, la mutation de la femme enceinte est toujours prise en charge par l'entreprise!
La pénibilité d'un métier peut parfois vous contraindre à arrêter de travailler avant le début officiel de votre arrêt pour congé maternité. Par exemple, une femme travaillant dans un secteur très physique comme la construction peut se trouver dans cette situation.
J'ai dû arrêter de travailler un peu plus d’un mois avant mon congé maternité à cause de la charge physique du travail. Malgré mes demandes pour un aménagement de poste, l'entreprise n'a pas pris de mesures, ce qui a rendu difficile la fin de ma grossesse.
La loi prévoit des mesures de protection, mais les témoignages révèlent que la réalité sur le terrain laisse parfois à désirer. Il est crucial que les entreprises prennent au sérieux leur responsabilité de garantir un environnement de travail sûr et adapté à toutes, en particulier lorsqu'il s'agit de protéger la santé des femmes enceintes et de leurs futurs enfants.
Une maman allaite toujours, si elle le souhaite, dans de bonnes conditions !
L'allaitement est déjà un sujet sensible dans notre société. Mais, qu'en est-il en entreprise ? Le Code du travail français prévoit différentes dispositions pour faciliter l'allaitement de notre bébé lors de notre retour au travail. Dans son livre, Nathalie nous rappelle les textes relatifs à l'allaitement au travail et partage avec nous les témoignages de Dounia et Alexia qui ont voulu tenter l'aventure de l'allaitement au travail.
Quand je tirais mon lait, l'accès au frigo de l'entreprise m'était interdit au nom de l'hygiène. Pourtant, je voyais bien des bouteilles s'y accumuler pour des occasions festives. Il semblerait que l'hygiène soit à géométrie variable selon les circonstances.
Pensez-vous qu'avec une heure par jour (le temps accordé dans l'un des textes de loi), elles ont réussi le challenge de l'allaitement une fois leur retour de congé maternel ? Leur entreprise respective a-t-elle aménagé un endroit pour qu'elles puissent donner le sein ou tirer leur lait ?
Nous vous laissons découvrir leur témoignage dans le livre "On ne va pas se mentir" de Nathalie Grimaud-Morvillez, fondatrice du concept La Tribu Digitale.
Vous avez forcément eu un entretien pour préparer votre reprise ?
Si la réponse est NON, pas de panique, c'est normal. Si en général le rendez-vous avec la médecine du travail est effectué, l'entretien vous permettant de reprendre sereinement votre poste ne l'est pas systématiquement. Nous ne parlons pas ici d'un entretien lambda.
Je t’avoue que je suis surpris par tes questions, car je n'avais pas préparé de discussions spécifiques sur ta reprise de poste. En apprenant que tu souhaitais un rendez-vous avec moi, je pensais que tu venais me demander un congé parental pour t’occuper de tes jumeaux. D'ailleurs, les papiers étaient prêts pour cela.
Il s'agit plutôt d'évoquer votre avenir professionnel suite à votre maternité, car, rappelons-le, la maternité ne se résume pas uniquement à un événement personnel, mais influence aussi votre carrière professionnelle.
Pour un éveil des consciences…
L'objectif de cet article n'est pas de dresser un tableau désastreux de la maternité, mais de mettre en lumière des faits bien réels. Nous ne cherchons pas à vous convaincre, mais plutôt à éveiller les consciences. Ces situations, devenues presque banales pour beaucoup, ne devraient pas être acceptées comme telles. Trop souvent, en tant que femmes et mères, nous nous résignons à subir ces discriminations, au risque qu'elles deviennent une norme acceptée. Nous avons choisi d'aborder ce sujet avec légèreté et humour, car des solutions existent.
Être une maman présente pour ses enfants et s'épanouir professionnellement est possible.
Si cet article vous a plu, vous apprécierez sûrement le livre de Nathalie. Vous pouvez vous le procurer dès maintenant en version numérique (Kindle) ou papier sur Amazon.
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